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Extraits

20 Octobre 2017 , Rédigé par Trocmé

Quelques extraits tirés de "Dix ans de mes souvenirs militaires, de 1805 à 1815, par le général Bon Girod".

Les marches forcées, la mauvaise nourriture et la rigueur de la saison avaient aussi altéré ma santé: je souffrais d'une dyssenterie opiniâtre qui me donnait la fièvre.

Une forte arrière-garde composée d'officiers et de sous-officiers fut formée pour réveiller et forcer à marcher les soldats qui, succombant au sommeil, se jetaient dans la neige, sur les côtés de la route; cette nuit est une des plus mauvaises que je me souvienne d'avoir passées durant le cours de mes campagnes.

J'étais, à vrai dire, dans un pitoyable état, et, pour peu que j'eusse perdu courage, j'aurais péri misérablement comme tant de jeunes soldats bien mieux cont stitués, plus âgés et plus vigoureux que moi, que j'ai vus succomber au découragement.

Quelques maraudeurs de ma compagnie s'étaient jetés à la fin de la bataille, dans la ville de Friedland, où s'était établi l'Empereur avec son quartier général et sa garde.

 

la célèbre entrevue des deux Empereurs sur le Niemen; l'empereur Alexandre, accompagné du roi de Prusse, entrait dans la ville avec une partie de sa garde impériale; la garde impériale française était rangée, en grande tenue, sur son passage.

A cette époque (les 6, 7 et 8 février 1807) se livra la fameuse et sanglante bataille d'Eylau.

L'Empereur, après cette bataille, s'était avancé jusqu'aux portes de Kanigsberg; mais la rigueur de la saison et le pressant besoin qu'avait toute l'armée de se reposer et de réparer ses pertes, le forcèrent à interrompre le cours de ses opérations. 11 porta son quartier général à Osterode et, plus tard, à Finkelstein, sa ligne s'étendant le long de la Passarge, petite rivière qui coule du sud au nord et va se jeter dans le Frischhaff, auprès de Frauenbourg.

Les nuits, dans ces contrées, sont, du reste, si courtes à cette époque de l'année, qu'il n'y a presque point d'intervalle entre le crépuscule du soir et celui du matin.

Enfin l'armée s'ébranla tout entière; notre division vint passer la Passarge à Spanden ; nous marchâmes, de là, sur Melsak, petite ville auprès de laquelle nous fimes jonction avec plusieurs autres corps et, le 13 au soir, nous vînmes bivouaquer à Preussich Eylau. En effet, c'est ce jour du 14 juin 1807 que la bataille de Friedland a rendu si célèbre.

Bataille de Friedland.

A huit heures du matin, l'Empereur passa au milieu de nos rangs ; il avait sa capote grise si connue des soldats. Nous marchâmes, une grande partie de la journée, conjointement avec la garde impériale; sur les deux heures après midi, nous traversâmes la petite ville de Domnau, où arrivaient déjà un grand nombre de blessés ; ils nous apprirent qu'on se battait depuis le matin. On nous fit doubler le pas, et, comme nous marchions sous le vent, nous arrivâmes à moins d'une lieue du champ de bataille, avant d'avoir entendu le canon ; mais le nombre toujours croissant des blessés que nous rencontrions nous montrait assez que l'affaire était chaude.

Ce fameux traité de Tilsit qui termina cette campagne d'une manière si glorieuse pour la France.

L'empereur Alexandre, accompagné du roi de Prusse, entrait dans la ville avec une partie de sa garde impériale; la garde impériale française était rangée, en grande tenue, sur son passage. Il ne pouvait, si l'on en croit les récits du temps, se lasser d'admirer la beauté de cette troupe.

Nous repassâmes la Vistule à Thorn et la suivîmes jusqu'à Bromberg; ces villes commencèrent à nous offrir des ressources qui ne nous manquèrent plus jusqu'à Berlin. Pour éviter les grosses chaleurs nous ne marchions que de nuit et nous dormions le jour, autant que nous le permettaient les essaims de moustiques et autres insectes, ailés ou non, fort abondants dans ces contrées; nous ne rencontrions presque partout que des routes sablonneuses qui rendaient nos marches très-fatigantes; ce voyage ne présente d'ailleurs à mon souvenir rien qui vaille la peine d'être raconté.

Le 1er décembre, nous atteignîmes à la tombée de la nuit un gros bourg (Buitrago), où étaient déjà établis l'Empereur et son frère le roi Joseph avec leurs états-majors et les gardes impériales et royales. Le reste de l'armée bivouaqua alentour;le froid était vif, et nous manquions de bois; on fut réduit à aller dans le bourg se mettre à démolir des maisons pour se procurer au moins de quoi faire cuire la soupe. Il s'établit alors un véritable combat, avec des succès divers sur différents points, entre ceux qui occupaient les maisons et ceux qui voulaient y pénétrer ; ce fut au point que le prince de Neufchatel se mit, lui-même, à la tête de piquets de cavalerie de la garde pour chasser les maraudeurs qui venaient troubler le repos du quartier général.

On se remit en marche le lendemain, et déjà nous n'étions plus qu'à quelques lieues de Madrid, où nous croyions entrer sans coup férir, lorsque nous entendîmes le bruit du canon. L'Empereur et le roi Joseph ayant pris les devants avec leurs gardes, nous crûmes que c'était pour célébrer leur entrée qu'on tirait des salves d'artillerie. Mais nous ne tardâmes pas à être désabusés;en approchant de la ville, nous vîmes, en effet, que tous les corps qui nous avaient précédés avaient pris position dans les plaines qui l'entourent. On nous fit avancer en première ligne, et nous découvrîmes alors cette fameuse cité hérissée de ses innombrables clochers.

Les troupes bivouaquèrent presque sans feu, faute de bois, et le froid se fit si vivement sentir durant cette nuit, que les soldats, bravant le danger, allaient démolir des maisons jusque sous le canon de la place.

Madrid reprit son aspect ordinaire. On traita cette capitale avec les plus grands ménagements ; le quartier général impérial s'établit à Champ-Martin, à une lieue de la ville, et la garde impériale bivouaqua alentour ; dans l'intérieur de Madrid, de vastes couvents furent assignés comme casernes à ceux des corps de l'armée qui ne se remirent pas immédiatement en marche.

L'Empereur, avec une partie de l'armée, avait quitté cette capitale le 22 décembre, pour aller à la rencontre de 30 mille Anglais, à la tête desquels le général John Moore manœuvrait dans le royaume de Léon. Les troupes françaises qui marchèrent contre eux eurent beaucoup à souffrir au passage du Guaddrama ; elles y furent assaillies par une horrible tourmente, qui occasionna de grosses pertes en hommes et en chevaux.

Bientôt, l'Empereur fut rappelé en France par les nouvelles menaces du cabinet autrichien ; sa garde tout entière y rentra avec lui, et le maréchal Soult fut seul laissé à la poursuite des Anglais, qui, étant parvenus à atteindre la Corogne, y trouvèrent les moyens de se rembarquer et d'échapper ainsi au sort qui les menaçait;ils éprouvèrent une perte très-considérable en hommes et en matériel de guerre, dans leur retraite,

Le 12 janvier 1809, nous reçûmes l'ordre de quitter Madrid

 

 

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