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1870 Saint-Quentin, le commandant Dufayel et la garde nationale.

13 Février 2021 , Rédigé par Trocmé

La guerre est déclarée.

Le moment est décisif ; on comprend qu'il faut se mettre en mesure pour ne pas être surpris. Les gardes mobiles de l'arrondissement se rendent à Saint-Quentin, où ils sont passés en revue sur les Champs-Elysées. La garde nationale sédentaire se reconstitue sur de nouvelles bases ; un grand nombre de gens qui n'en faisaient point partie demandent à y être incorporés. M. Dufayel est nommé commandant. Il adresse à ses hommes l'ordre du jour suivant : Mes chers camarades,
Je dois à vos sympathies l'honneur d'avoir été appelé à vous commander; je m'efforcerai de m'en rendre digne, et j'ai la ferme conviction que tous vous voudrez bien m'aider dans l'accomplissement des obligations fort sérieuses que mon devoir m'impose. De mon côté, j'apporterai toute l'énergie et toute la prudence dont je suis capable, ayant soin d'agir toujours consciencieusement sans faiblesse, avec justice et fermeté. Persuadés tous que la garde nationale est une institution excellente, nous n'y verrons point un jeu militaire, une parade vaine, non ! Mais nous la considérerons en gens de cœur qui, pour le salut de la patrie et le maintien de l'ordre public, veulent porter dignement les armes qui leur sont confiées. Soyons toujours prêts, nous serons toujours forts, si surtout, comme j'en ai l'intime conviction, nous marchons toujours unis. Que chacun de nous, dans les douloureuses circonstances que nous subissons, mais qui ne sauraient jamais nous abattre, que chacun, dis-je, apporte le dévouement et le patriotisme dont la garde nationale de Saint-Quentin a toujours fait preuve.

Vive la garde nationale ! Vive la France !

Saint-Quentin, le 11 août 1870.

Le commandant, G. DUFAYEL. 

Il veut immédiatement imposer une discipline militaire et fait afficher la note ci-dessous : Consigne des Postes. En vertu d'une décision prise par l'administration, en date de ce jour, il est établi un service de garde de jour et de nuit qui sera de 24 heures. A l'heure fixée, les gardes nationaux devront se rendre en armes avec leur fourniment au poste de l'Hôtel-deVille où à tout autre indiqué par le billet de garde. L'appel sera fait par le sergent-major de la compagnie, sous la surveillance du chef de poste et de l'adjudant-major ou de l'adjudant de service. Les noms des gardes nationaux manquants seront immédiatement portés sur le rapport, et la liste sera signée par l'adjudant-major ou l'adjudant de semaine. Jusqu'à nouvel ordre, la garde sera montée à 8 heures du soir et sera descendue le lendemain à la même heure. Il sera fait au moins trois appels pendant la garde ; le 1er à minuit, le 2e à 10 heures du matin, et le 3e à 5 heures de relevée ; le nom des absents sera immédiatement inscrit dans les colonnes disposées à cet effet sur le rapport. Les officiers de ronde s'assureront que toutes les prescriptions sont rigoureusement observées ; ils consigneront sur leur rapport toutes les infractions qui y seraient commises. En ce qui concerne plus particulièrement le service du jour, je prescris d'une manière toute spéciale les dispositions suivantes : Il sera fait, de 8 à 9 heures du matin, dans l'intérieur du poste, une théorie sur le maniement d'armes. Le commandant du poste ne s'absentera jamais sans remettre le commandement à son inférieur immédiat qui deviendra responsable du service. Son absence ne devra pas se prolonger au-delà du temps qui lui sera strictement nécessaire. Tout garde national qui s'absenterait sans permission sera signalé sur le rapport du poste. A l'heure des repas, le chef de poste ne devra jamais l'affaiblir de plus de moitié ; et je recommande aux gardes nationaux de tous grades, l'observance de cette prescription dans tous les cas. Les factions et patrouilles seront faites avec la plus grande sévérité. J'interdis de la manière la plus formelle aux chefs de patrouille, sous peine d'une punition disciplinaire, de s'écarter un instant du règlement militaire. Les patrouilles devront sortir et rentrer aux heures prescrites par le chef de poste et je suis résolu à veiller avec la plus grande vigilance à ce qu'elles soient conduites de manière à être véritablement utiles. Il est expressément défendu aux chefs de patrouilles d'entrer ou de laisser entrer leurs hommes chez qui que ce soit sans en être requis pour les besoins du service. Ceux qui s'écarteraient de cette prescription seraient sévèrement poursuivis. Dans toutes les positions du service, la discipline est de rigueur ; il me sera, évidemment, pénible d'user de sévérité, mais, avant tout je dois justifier la confiance de mes concitoyens, et je remplirai consciencieusement, sans hésitation, les obligations de mon grade.

Saint-Quentin, le 11 août 1870.

Le commandant de la garde nationale de Saint-Quentin,

G. DUFAYEL.

La dépêche annonçant la proclamation de la république arrive à 4 heures du soir à Laon, le préfet ne la transmet que le lendemain à Saint-Quentin. La ville est dans l'anxiété, on se demande si le conseil municipal va se réunir d'urgence pour annoncer la bonne nouvelle à la population, pour reconnaître immédiatement la seule forme de gouvernement compatible avec les aspirations de la France. La journée se passe dans le doute. Le lendemain, 6 septembre, deux heures de l'après-midi, le maire propose de donner publiquement lecture de la dépêche du ministre de l'intérieur Mr Gambetta.

Un membre du conseil annonce que plusieurs gardes nationaux désirent que cette lecture ait lieu devant la garde nationale réunie à cet effet. Après discussion, le conseil est d'avis de ne pas convoquer la garde nationale sauf lorsqu'une dépêche officielle parviendra à monsieur le maire. Monsieur le commandant est demandé, et il lui est donné connaissance de la décision qui vient d'être prise. 

M. Anatole de la Forge, après son arrivée à Saint-Quentin, se multiplie, il est l'àme de la résistance, et on peut se fier à son brillant courage. Il organise un comité de résistance ainsi composé : le président de la commission municipale, avec trois membres, trois délégués des ouvriers, parmi eux nous remarquons l'honorable Mr François Bérard,
qui deviendra un membre du conseil municipal, le commandant des pompiers et le plus ancien de leurs officiers ; le commandant de la garde nationale et un de ses officiers choisi s'il est possible parmi ceux qui ont servi dans l'armée active ; le commandant de l'artillerie de La Fère et un de ses officiers ; l'architecte de la ville et l'ingénieur ordinaire des ponts et chaussée s; c'est ce comité qui construira les barricades qui sauveront la ville le 8 octobre. 

Le 20 septembre, Mr Anatole de la Forge passe en revue la garde nationale et les sapeurs pompiers, il est revêtu du costume militaire, celui des volontaires de la garde nationale de Paris. "Ce costume oblige, dit-il, aujour du danger, je vous demanderai comme une faveur de m'accepter dans vos rangs comme simple soldat. Ce jour-là vous me jugerez". 

Deux  jours avant le combat, Mr Dufayel. prend le commandement de toutes les gardes nationales du département de l'Aisne.

Mr de la Forge le lui annonce par la lettre suivante :  Le préfet de l'Aisne, délégué du gouvernement de la défense nationale, muni des pleins pouvoirs, confère à Mr Dufayel, chef de bataillon de la garde nationale de Saint-Quentin, les fonctions de lieutenant-colonel, et lui confie le commandement de toutes les gardes nationales et de toutes les compagnies de sapeurs-pompiers du département.

Le Préfet de l'Aisne. 

 ANATOLE DE LA FORGE.


Par le décret ci-dessous, Mr  Baston est nommé chef de bataillon commandant de tous les pompiers de l'arrondissement: Saint-Quentin, le 6 octobre 1870. Le préfet de l'Aisne, délégué du gouvernement de la défense nationale, muni des pleins pouvoirs, confère à M. Baston, capitaine commandant la compagnie municipale des sapeurs-pompiers de Saint-Quentin, le grade de chef de bataillon. Son commandement s'exercera sur toutes les compagnies de sapeurs-pompiers de l'arrondissement.

Le préfet de l'Aisne. 

ANATOLE DE LA FORGE.

Mr Dufayel, adresse à la garde nationale un ordre dujour énergique: 

Ordre du Jour. Vu l'ordre de service de Mr le préfet de l'Aisne, chargé d'organiser la défense nationale, vu les lois qui régissent l'état de siège.
Le commandant porte à la connaissance du bataillon et de la compagnie municipale des sapeurs-pompiers, que tous les gardes nationaux et pompiers mobilisables et sédentaires sans exception devront, lorsqu'on sonnera le tocsin, ou lorsque le rappel sera battu, se rendre immédiatement, en armes et en petite tenue sans épaulettes au lieu ordinaire de rassemblement de chaque compagnie, pour de là se rendre au plus vite et en bon ordre sur la grande place, face à l'hôtel de ville. Tous ceux qui se dispenseraient volontairement de cette prise d'armes seraient traduits devant une cour martiale déjà instituée régie par les lois militaires, et seraient jugés comme ayant refusé de prendre les armes devant l'ennemi.

Saint-Quentin, le 6 octobre 1870.

Le chef de bataillon faisant fonctions de lieutenant-colonel, DUFAYEL.
 

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