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Comte-abbé Jérôme

12 Février 2021 , Rédigé par Trocmé

Le comte-abbé Jérôme.

An 741 – An 772.

 

Les abbés de l'église de Saint-Quentin étaient, au tout début, des ecclésiastiques.

Mais ceux qui vont alors leur succéder étaient, pour la plupart, des seigneurs laïcs et ces derniers étaient alors appelés comtes-abbés.

Le premier comte-abbé connu de Saint-Quentin fut, en l'an 741, Jérôme ou Hyeronimus, fils de Charles Martel, maire du palais de Neustrie et d'Austrasie, et de sa seconde épouse pour certains tandis que pour d'autres il ne s'agirait que d'une concubine, Suanichilde. En effet, outre Carloman et Pépin, ses premiers fils nés d'un premier mariage avec Rotrude, Charles avait eu Bernard de sa seconde épouse, Chrotais ou Ruodhaid, et enfin de Suanichilde ou Swanahilde, une princesse de Bavière, il avait eu trois fils, Grison, Jérôme, et Rémi. Grison avait reçu une part d'héritage ce qui n'avait pas plu à ses deux demi-frères, Carloman et Pépin. La guerre fut déclarée et Grison fuyant se réfugia dans la ville de Laon, où il fut pris par son frère Carloman. Grison fut envoyé sous bonne garde dans les Ardennes, à Neuf-Châtel et sa mère, et mère également de Jérôme, fut envoyée au monastère de Chelles pour le reste de ses jours. Les autres demi-frères dont faisait partie Jérôme, ayant causé moins d'ombrage aux deux fils du premier mariage, purent bénéficier de la faveur de Pépin et de Carloman. 

Le comte Jérôme était donc un frère consanguin de Pépin le bref, le premier carolingien qui devint roi de France ou des Francs, après s'être rendu maitre, grace à l'autorité que lui donnait sa fonction de maire du palais, du roi mérovingien Childeric III et après avoir emprisonné ce dernier au sein de l'abbaye de Saint- Bertin, en Artois.  

Le comte-abbé de Saint-Quentin, Jérôme, s'était marié à une certaine Ersende ou Ermentrude et dont il eut trois fils, Folquin, Fulrad, et Odwin. 

Il en aura un fils, Fulrad, qui deviendra, à son tour, comte-abbé de Saint-Quentin.

Jérôme avait commencé d'occuper le double rôle de comte et d'abbé de Saint-Quentin, peu avant les premières années du règne de Pépin, règne qui aurait commencé en l'an 752.

On pouvait voir Jérôme, comte-abbé de Saint-Quentin, tantôt avec un casque sur la tête et l'épée à la main, s'en prendre aux pays alentours, faire la guerre accompagné de soldats bardés de fer qu'il appelait ses compagnons ou avec des vilains. Et tantôt, affublé du capuchon de moine, donnant l'antienne, c'est à dire dirigeant un refrain lithurgique repris par un chôeur entre chaque verset d'un psaume, entouré des religieux du chapitre qu'il appelait frères.  

Au moins deux affaires s'étaient déroulées au temps du comte Jérôme, à Saint-Quentin.

La première concernait un certain Ebruïn ou Ebroïn ou encore Eberwin, son nom signifiant litéralement « ami du sanglier », un nom d'origine germanique. Le premier comte-abbé avait donc reçu de Pépin le Bref l'ordre de prodiguer des soins médicaux et l'accueil dans un hospice à un infirme nommé Ebroïn dont on peut penser qu'il était un membre de l'aristocratie laïque bien que le qualificatif de vir, attesté dans le texte, ne puisse permettre de s'assurer de la position sociale de cet individu.

Donc ce nommé Ebruïn trainait des jours tristes et misérables à cause de sa maladie. Le roi Pépin l'envoya auprès du comte-abbé de Saint-Quentin. Ebruïn avait été reçu avec distinction, car il ne devait pas être n'importe qui, en effet on peut voir plus loin qu'il est accompagné d'au moins un domestique. Un logement pour ce malade avait été établi dans une maison qu'avait occupé un certain prêtre nommé Weneridus. Depuis la mort de ce prêtre, un pauvre homme boiteux y habitait. Cet homme se nommait Wincelinus et il gagnait sa vie en façonnant de petits ouvrages de bois. C'est à ce pauvre ouvrier boiteux qu'un domestique d'Ebruïn avait volé un outil servant à creuser des vases. Wincelinus fut affligé de ce vol, mais le voleur était déjà arrivé dans son pays, au delà du Rhin. Il semble qu'au vu de ce retour au dit pays, qu'Ebruïn était un franc germanique.

Un autre voleur avait eu l'audace d'enlever de l'autel dédié à saint Michel, qui se trouvait au dessus de la première voûte dans la tour de l'église de Saint-Quentin, des pommes façonnées en or et en argent qui y pendaient. Puis, il les avait transporté jusque dans la maison d'un ancien clerc, nommé Fredebert. On ne connait pas la fin de cette affaire, le nom du voleur n'étant pas connu.

Ce fut sous le règne du comte-abbé Jérôme, que se trouvait Silvain, coûtre de l'église de Saint-Quentin. Le coûtre étant un clerc tonsuré portant l'habit ecclésiastique.

Le pape Etienne II était venu en France, en l'an 753, suite au conseil du roi Pépin, pour solliciter la protection royale contre Astolphe ou Astolf, le roi des Lombards.

Fulrade, il ne s'agit nullement, dans ce cas précis du fils du comte Jérôme, mais du quatorzième abbé de Saint-Denis, avait été l'un des principaux député que le roi Pépin avait envoyés au-devant du souverain pontife pour le recevoir sur ses terres de Quierzy.

Le roi avait alors profité que l'ensemble des seigneurs étaient réunis dans son château pour tenir une assemblée générale. 

La guerre avait donc été résolue contre Astolphe et les Lombards.

Pépin avait, tout d'abord, tenu une réunion avec ses proches lieutenants à Braisne sur Vesle, le 1er mars de l'an 754, avant de tenir une autre assemblée le 14 avril de l'an 754 à Quierzy.

C'était donc en cette année 754, que le roi Pépin le bref était parti pour soumettre Astolphe qui, étant retranché dans les montagnes des Alpes, croyait l'entrée dans son pays lombard inaccessible. Mais Pépin avait alors fait passer son armée par le Dauphiné qui était jadis pagus Viennois.

Puis Pépin était ensuite monté avec ses troupes sur les Alpes, par la Maurienne, en Savoie, puis le val de Suse, et y avait battu les troupes lombardes du roi Astolphe malgré l'infériorité des troupes franques. Et c'est là qu'on retrouve un personnage, un des frères de Jérôme, Grison. Ce dernier, qui pourtant avait été libéré par Pépin, allié aux Bretons et aux Aquitains, s'était de nouveau battu contre Pépin avant de s'enfuir à nouveau et de rejoindre en Lombardie, le roi Astolphe, pour s'opposer encore à Pépin. Grison, frère de Jérôme, fut tué lors des combats qui l'avait opposé à Pépin. 

Pépin était ensuite parti, après le combat, pour se rendre jusqu'à la ville de Pavie où le roi lombard, Astolphe, s'était réfugié et où il accepta de traiter avec Pépin. Le traité avait été signé vers le début du mois d'octobre. Pépin était ensuite rentré dans ses terres.

Le comte Jérôme avait accompagné le roi Pépin dans cette expédition. Jérôme avait ensuite donc laissé le roi Pépin rentrer en France dès le commencement de l'hiver.

Lui et Fulrade, l'abbé de Saint-Denis, avaient eu l'honneur d'accompagner le pape jusqu'à Rome où leur séjour n'y avait pas été long. En effet, le pape s'était méfié de la parole du roi lombard, non sans raison par ailleurs, et aurait aimé que le roi des Francs restât en Italie. Le pape avait dut se contenter d'une escorte laissée par Pépin, troupe composée du comte de Saint-Quentin Jérôme, de l'abbé de Saint-Denis Fulrade, et de quelques autres personnages importants. Une inscription de l'évêque Théodulphe d'Orléans (vers 750-821) ornait une tour de l'ecclesia Saint-Quentin et faisait l'éloge des vertus morales et guerrières du comte-abbé Jérôme qualifié de fils de Charles Martel.

Jérôme avait de nouveau été évoqué dans la Vie que le chroniqueur Folcuin avait écrite, à la fin du Xe siècle, il s'agissait d'un récit concernant son ancêtre Folcuin, évêque de Thérouanne (816-855).

Pépin le bref mourut en l'an 768, le 24 septembre, après dix-sept années de règne. Il mourut d'hydropisie. Mais ce premier roi de la seconde race avait auparavant partagé son royaume entre ses deux fils. Il avait donné la Neustrie, comprenant la ville de Saint-Quentin et le Vermandois, à Carloman, le cadet des deux fils. Et à son autre fils, Charles, l'Austrasie mais également les Saxons et les autres peuples barbares qui avaient été soumis. Après la mort du roi Pépin le bref, les seigneurs, qui s'étaient assemblés et sans se mettre en peine du partage fait par Pépin le bref, donnèrent la Neustrie à Charles, celui qui deviendra Charlemagne, et l'Austrasie à Carloman.

Trois ans après la mort de Pépin le bref, Charles avait ensuite récupéré l'Austrasie.

En effet, son frère le roi Carloman était mort de maladie à Samoussy, près de Laon, le 4 décembre de l'an 771. Charles s'était emparé du royaume de son frère, au détriment de ses neveux, et avait été reconnu par tous les grands seigneurs, dont faisait sûrement partie le comte-abbé Jérôme, mais surtout le plus important des personnages de cette époque dite carolingienne, Fulrade, l'abbé de Saint-Denis.

Quelques mois après la mort de Carloman, donc en l'an 772, le comte-abbé Jérôme, ce seigneur carolingien de la ville de Saint-Quentin, mourait également à son tour, à l'âge d'environ trente et un ans, ce qui ne semble guère âgé.

C'était ensuite son fils Fulrad qui lui avait succédé dans les biens du comté de Saint-Quentin et dans sa qualité d'abbé de l'église de Saint-Quentin, pour devenir le comte-abbé de Saint-Quentin.

 

 

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